Après Au cœur du parc national, Hervé Douris pour les photos et Bernard Grollier pour les textes signent La Réunion, une île vue du ciel. Une fois de plus, les auteurs sont à la hauteur du sujet avec des images à couper le souffle qui dévoilent notre île dans toute sa complexité entre nature préservée et urbanisation à outrance.
On ne présente plus Hervé Douris. Installé à la Réunion depuis plus de vingt ans, ce photographe au talent reconnu a fait de notre île son modèle. Hervé est l’homme des grands espaces et avec la Réunion il a trouvé un terrain de jeu à sa mesure.
Au fil des années, il a engrangé des milliers de clichés mais n’a commis “que” cinq livres. “La Réunion en panoramas a marqué mon acte de nationalité réunionnaise, ironise Hervé Douris. Après Au cœur du parc national qui montrait surtout l’intérieur de l’île j’ai souhaité la dévoiler dans sa diversité”.
Hervé est un homme-oiseau. “Ma première photo aérienne de la Réunion, je l’ai faite en 1981, confie-t-il. À l’époque j’avais embarqué sur un avion de Réunion Air Service. Ce cliché de la ville du Port je l’ai refait trente après dans les mêmes conditions. Les deux images sont dans le livre. Elles témoignent de la rapidité de l’urbanisation”.
Depuis, Hervé Douris a accumulé plus de 650 h de vol dans le ciel de notre île. “Quand je suis dans le ciel ce que j’aime, c’est la Terre, la leçon de géographie, souligne-t-il dans la préface. Seule la photo aérienne permet de comprendre que la Réunion est formée de deux massifs, ou de montrer la complexité inouïe du cirque de Mafate. C’est ce que j’ai envie de partager”.
Le photographe a largement puisé dans sa photothèque “mais, précise-t-il, la moitié des images présentées dans le livre a été faite en 2012”.
Tout au long de ces années, Hervé Douris est resté fidèle à l’ULM. Il a tissé une réelle complicité avec celui qui est son pilote depuis plus de vingt ans, Serge Farci. Avec lui, il a connu les pendulaires. “C’était l’époque héroïque, se souvient Hervé. Avec le pilote, nous étions suspendus sous une aile delta. On ne pouvait pas changer d’objectifs en vol. Le numérique n’existait pas. Il fallait recharger en pellicule avec précaution. L’arrivée des ULM à trois axes et à l’habitacle protégé a ouvert de nouveaux horizons sans parler de la technologie numérique et de ses commodités. Mais plus que tout, il y a l’habileté du pilote et dans ce domaine Serge est un as”.
Partons donc à la découverte de notre île vue du ciel. Hervé et Serge nous ont fait une petite place dans leur ULM. Nous abordons la Réunion comme l’ont fait les navigateurs d’autrefois par la mer. Les plages de sable, les côtes déchiquetées de l’Est et du Sud, les ballets de baleines défilent sous les ailes. Et puis c’est le grand spectacle de l’intérieur, les cirques, le volcan, les gorges encaissées des ravines. Mais, notre île n’est pas un sanctuaire. Place aux champs de cannes, aux parcelles des maraîchers, aux pâturages. Et pour finir avant de revenir se poser, l’urbanisation galopante et les grands travaux qui font craindre pour la Réunion de demain.
Mais, La Réunion, une île vue du ciel n’est pas qu’un très beau livre d’images. Hervé Douris s’est une nouvelle fois assuré la complicité de Bernard Grollier qui signe les textes. Ils donnent une dimension supplémentaire au livre en un faisant un ouvrage témoin. En le refermant on prend conscience de l’extrême fragilité de notre île
À lire : La Réunion , une île vue du ciel, Hervé Douris, textes de Bernard Grollier. Epsilon Editions
Alain Dupuis source http://www.clicanoo.re