La Réunion a célébré le jour où les esclaves ont brisé les chaînes de l’asservissement. Tout un peuple mêlé a communié en hommage aux ancêtres. À la sérénité des discours, poèmes et chants, ont fait suite de trépidantes réjouissances jusqu’au bout de la nuit.
À Saint-Denis au Jardin de la mémoire, à La Trinité, les élus, les associations de quartiers, quelques artistes, des historiens et la population étaient au rendez-vous à 11 heures. Gilbert Annette “très ému” a eu une pensée toute particulière pour ses 4 grands-mères ainsi que pour ses grands-pères “sans nom, parce qu’ils n’ont jamais figuré au registre de l’État-civil.” Une fois n’est pas coutume, l’État était représenté par un membre de la Préfecture. Un événement à marquer d’une pierre ni blanche, ni noire, mais tricolore peut-être Le 20 décembre fait partie des dates majeures de l’histoire de notre île. Une date primordiale, inoubliable. “Ce jour-là des gens ont expérimenté la liberté,” rappelle Gilbert Annette. À travers les célébrations devenues rituelles et populaires depuis une trentaine d’années, la population réunionnaise reconnaît l’histoire de celles et ceux qui ne l’ont pas écrite, ce peuple anonyme, sacrifié sur l’autel de l’erreur et de l’horreur, puis jeté aux oubliettes. Le besoin de se souvenir est essentiel pour nous éviter de retomber dans les mêmes errements. Se souvenir et rester vigilant. En ces temps de grande agitation, le discernement doit primer. Gardons-nous de tout jugement hâtif, irrévocable…”Cette journée du souvenir doit nous aider à construire notre identité réunionnaise et à préserver notre vivre ensemble qui n’efface pas les différences.” Mais elle nous rappelle aussi que la lutte n’est pas finie et que de par le monde, aujourd’hui encore, nombreux sont celles et ceux qui souffrent toujours de cette ignominie rampante aux visages multiples.